Annabelle Bransford et sa cousine Jane
(désormais Jane et feu sa cousine Annabelle)
Je me nomme, Jane, et Annabelle était ma cousine. D’ailleurs quand nous étions petites, elle aimait m’appeler la Calamité.
Nous avons été élevées ensemble. Ses parents sont morts quand elle était petite et mes parents ont toujours été au petit soin pour elle et les hommes qui ont croisé sa vie aussi. Pourtant, je n’ai jamais été jalouse d’elle, bien au contraire, je voulais la protéger.
Elle était plutôt réservée et moi un vrai garçon manqué qui se battait avec les garçons qui l’ennuyaient lorsque nous étions enfants. Et puis les années ont passé. Elle devenait populaire avec les garçons et moi je m’effaçais. Quand elle s’aperçut que ses atouts pouvaient lui apporter les faveurs de certains, elle apprit à les maitriser et en user. A cette époque, on a commencé à s’éloigner l’une de l’autre. J’étais restée garçon manqué. Je ne voulais pas manipuler les gens par des atours féminins, donc je me cachais sous des vêtements d’hommes et j’étudiais. J’avoue, je n’ai pas perdu mon goût de la bagarre pour autant, au grand désarroi de mes parents qui ne jurait que par Annabelle et sa douceur, Annabelle et son charme… Je pouvais me battre contre les hommes qui se moquaient de moi mais pas contre elle. Personne ne voyait pas ses manigances. Elle n’était pas mauvaise mais elle traînait dans les saloons et est même devenue une grande chanteuse. Sa voix était mélodieuse et elle enchantait les ivrognes et les soldats qui la courtisaient. Ses charmes lui causaient aussi parfois des ennuis. A force de séduire ses messieurs en échange de bijoux, de soieries, elle attrapait aussi parfois des problèmes. Eh oui, certains d’entre eux pouvaient se montrer jaloux ou possessifs et moi j’arrivais à la rescousse. Elle restait ma petite cousine chérie et on ne pouvait rien lui refuser. J’expliquais au « gentilhomme » qu’il valait mieux qu’il la laisse tranquille. Je n’avais plus besoin d’utiliser mes poings. J’avais fait des études de droit et ses hommes avaient souvent un cadavre dans le placard que je finissais toujours par trouver et leur mettre sous le nez pour les obliger à lâcher l’affaire. Ensuite, on partait pour une autre ville. On restait toujours en contact même si elle voyageait beaucoup.
De mon côté, je travaillais en tant qu’avocate dans un petit cabinet de Philadelphie. Ma vie était routinière hormis les quelques appels de détresse d’Annabelle. J’étais un peu jalouse de sa vie, ou plutôt de sa liberté et de ses aventures. Et puis, un jour, elle m’annonça une nouvelle à laquelle je ne m’attendais pas. Elle allait se marier. Elle n’aurait donc plus besoin de moi. Elle avait rencontré un chasseur de primes du nom de Terence dans un saloon de San Antonio. Il l’a sorti d’un mauvais pas et ce fut le coup de foudre. J’étais donc invitée à leur mariage.
La cérémonie ne fut hélas pas le plus beau jour de leur vie. Pendant le repas, une horde de bandits, qui je l’appris plus tard étaient employé par le fameux Bill, a fait irruption et a tiré dans la foule et plus précisément sur le marié. Bill n’avait pas apprécié le travail de Terence trop efficace à arrêter ses lieutenants. J’ai bien tenté à la suite du drame de raisonner Annabelle qui ne criait vengeance en lui disant qu’il y avait forcément une issue moins de dangereuse que l’affrontement physique mais juridiquement je ne pouvais rien faire. Bill avait les hauts fonctionnaires dans sa poche, corrompus par l’argent et par la peur.
Je vivais avec Annabelle depuis plusieurs semaines. Mais un soir, je rentrais après le travail et elle était partie avec seulement un mot disant qu’elle devait régler cette histoire et qu’elle me donnerait des nouvelles. Je recevais une lettre un mois après où elle m’annonçait que Terence était vengé. Plusieurs personnes lui en voulaient et l’avait aidé. Et puis une lettre du Texas où elle avait retrouvé le même groupe et qu’elle partait sur les routes. Ma vie quant à elle reprenait son cours tranquille.
Je recevais de ses nouvelles régulièrement et me faisais un sang d’encre à chacune de ses lettres, jusqu’à la dernière qui n’était pas la sienne mais celle d’un notaire qui m’annonçait sa mort et mon héritage. Je m’effondrais et pleurais toutes les larmes de mon corps. J’aimais ma cousine, elle était un rayon de soleil et malgré ses frasques, je venais toujours à son secours. Pourquoi cette fois-ci ne m’a-t-elle pas appelé ? Je ne le saurais jamais mais je la vengerai !!!!!