AdC - Campagne : "Terreur sur l'Orient Express" (4)

Les Contrées du Rêve : "Terres Oniriques Express"

Extrait du journal de Walter Portman

Le Mans, 11 janvier 1923
J’attends le train qui me ramène à Paris. Je suis allé voir le notaire de Mlle Ponsot. Il n’a rien voulu savoir et m’a soutenu que sa cliente ne voulait voir personne. J’ai tout de même pu confirmer que c’est bien la jeune femme qui a la boîte à secrets. Avant de venir à la gare, j’ai déposé une lettre directement chez Mlle Ponsot pour lui expliquer pourquoi il était important que je puisse examiner la boîte ainsi que pour la mettre en garde contre Makriat.

J’ai aussi envoyé un télégramme à Scarborough pour les tenir informés et pour qu’ils me transmettent les informations si jamais Mlle Ponsot se décide à me contacter.

J’emporte un petit souvenir du Mans : des rillettes, une baguette et une bouteille d’un vin rouge très appréciable. Je compte bien faire goûter mes trouvailles à Niles. Peut-être pourrai-je faire un peu d’importation. Les anglais n’aimeront pas c’est certain, en revanche, les écossais devraient savourer.


A mon arrivée à l’Athénée, il n’y avait que le russe et Niles. Ce dernier se sentait un peu honteux. Au moins j’ai retrouvé le Niles que je connaissais. Les autres ne sont revenus de Poissy que vers 20 heures. Ils y ont trouvé un morceau de la statue : le bras gauche. Il semble que les pouvoirs maléfiques de la statue aient agi sur la maison dans laquelle le bras se trouvait – l’ancienne demeure du Comte Fenalik – et sur la végétation. Le morceau trouvé, nous pouvons continuer notre périple sur l’Orient Express.
De plus, nous avons une adresse à Lausanne : au cours de leur investigation dans la maison du docteur Lorien – l’actuel habitant de la maison du Comte Fenalik -  mes compagnons ont pu lire une lettre d’un certain Mr Wellington. Il s’agit d’un anglais habitant en Suisse et possédant un parchemin de Sedefkar.

Ce qui est inquiétant, c’est que Herr Kruger a touché le bras et ressent des douleurs dans son propre bras gauche. Nous sommes tous persuadés qu’il ne s’agit pas d’une simple coïncidence.


Paris, 12 janvier 1923
Nous partons ce soir vers la Suisse. Je viens d’acheter les billets pour tout le groupe. J’ai profité de ma sortie pour envoyer un nouveau télégramme à Beddows. Je l’avertis que nous partons de Paris et que nous avons le bras gauche. Celui-ci est enfermé dans une cantine usée mais solide pour le mettre à l’abri des convoitises.


Nous revoilà dans l’Orient Express. Cette fois, nous avons la chance de voyager en compagnie de Caterina Cavolaro, la célèbre cantatrice. Elle part chanter à la Scala de Milan. Tous les passagers ont pu profiter de son talent et de sa conversation dans la voiture salon. Helmut, qui a une cabine mitoyenne avec la diva, a eu quelques privilèges dont celui de la raccompagner à sa cabine.


Lausanne, 13 janvier 1923
Cette nuit a été courte mais particulièrement… intense. Je crois que nous avons tous fait le même rêve. Mais était-ce juste un rêve ?

Après nous être endormis dans nos cabines, nous nous sommes retrouvés dans une ville typique du moyen âge européen dont les rues étaient parcourues par de nombreux chats. Le ciel avait une étrange couleur rosée et la chaussée était pavée de briques dorées. Un panneau indiquait « Gare d’Ulthar » à l’entrée de la station, au bout de la rue. De beaux tapis bleu et rouge portaient l’inscription « Terre Onirique Express ». Les salles des pas perdus étaient séparées : une pour les chats et une pour les autres. Nous avons été accueillis par le contrôleur. D’autres humains attendaient : un homme à l’air jovial portant une mallette, une dame âgée émaciée portant une valise en forme de cœur et un homme barbu avec un grand manteau de fourrure.
Le contrôleur nous a demandé nos billets, qui étaient dans nos poches. Le train est alors entré en gare. Quel train ! Chaque wagon était composé de plusieurs créatures enchevêtrées et possédant nombre de tentacules qui servaient à accrocher les wagons entre eux. Les cabines étaient posées sur le dessus des amas vivants. On y accédait par de longues échelles. Les chats avaient leur propre compartiment tandis qu’un genre de cellule capitonnée renfermait les créatures les plus étranges.

Le contrôleur, Henry Peeters, était aussi le créateur du Terre Onirique Express. Il nous a expliqué que ce train voyage dans les Contrées du Rêve. Il est réservé aux passagers de l’Orient Express qui peuvent y venir pendant leur sommeil. Une fois qu’on est monté à bord du Terre Onirique Express, on peut y revenir aussi longtemps que l’on veut. Mais il ne faut jamais aller jusqu’au terminus, le Golfe de Nodens. En effet, là-bas, on est lavé de toutes ses peurs, mais on ne l’est qu’une fois.
Si j’ai bien compris, on reprend le trajet là où l’a quitté et on va jusqu’à la dernière gare avant le terminus (Serannian). Et on peut refaire le trajet encore et encore. Même les morts peuvent y revenir.

Une idée m’est venue. Mes parents ont aussi fait le trajet sur l’Orient Express. Ils ont donc tout à fait pu embarquer sur le Terre Onirique Express. Et effectivement, Peeters me l’a confirmé. En échangeant avec lui, j’ai même pu douter de leur mort. Le contrôleur a été plutôt évasif. Après tout, ils ont disparu en Inde, mais rien ne prouve qu’ils soient morts ! J’ai aussi été surpris car en y repensant, à ma connaissance, seule ma mère a fait le voyage à l’époque en 1893. Cela voudrait dire qu’il y a eu un autre voyage ?
J’ai laissé un message à Peeters pour le cas où il croiserait à nouveau mes parents. C’est a priori possible. Peeters m’a assuré qu’ils n’étaient pas allés jusqu’au Golfe de Nodens !

Des recherches menées par l’aliéniste ont montré que les villes étapes ne sont pas toutes fréquentables. Cela a été confirmé par le contrôleur.

Pour ce premier trajet, nous avons donc suivi les conseils de ce dernier et nous sommes restés dans le train. Nous avons profité des diverses installations (restaurant, bains, bibliothèque…) et avons fait la connaissance des différents passagers, humains et non-humains. J’ai pu jouer un peu avec un chaton noir nommé Blackjack, avant que celui-ci ne soit ramené manu militari par Peeters dans le compartiment des chats, non sans avoir été sermonné, dans le langage des chats !


Je me suis réveillé à 4 heures du matin, avec un sérieux mal de crâne. Les effets secondaires d’une boisson puissante : le zoog. Puissante mais très intéressante.
Il est maintenant 6h45 et nous arrivons à Lausanne. Le prochain départ de l’Orient Express est lundi matin.
Pour notre séjour helvète, nous descendrons au Palace.

Yeahhhhhhhhhhhhh ! Un petit verre de Zoog ça fait du bien !!