Extrait du journal de Walter Portman
Londres, 7 janvier 1923
J’ai acheté les billets de train pour Paris pour tout le monde. Nous partons demain. J’en ai profité pour envoyer un télégramme à Beddows pour le tenir informé.
Paris, 8 janvier 1923
Nous sommes partis à 8h30 de la gare de Kingscross. Le wagon est plein. Il y a là diverses personnes que nous aurons certainement l’opportunité de croiser à nouveau dans l’Orient Express. Nous devrions prendre le fameux train vendredi. Sinon, il y a un autre départ lundi, en fonction du temps que nous allons mettre à trouver ce que nous cherchons.
• Madame Jones, et son diablotin de fils, Simons ainsi que madame Baxter, la préceptrice.
• Le colonel Herring et sa femme ainsi que deux domestiques.
• Un homme d’affaires turc accompagné de deux hommes de main, dont un portant un fez.
• Lorna Campbell-Barnes : une riche américaine.
• Lord Palfrey Applegate, un jeune anglais typique. Il est accompagné de son majordome.
• Biff Baxter : une star du cinéma américain. Son manager et sa secrétaire sont avec lui.
• Une Princesse Romanov.
• Lady Margareth Bramwell et ses deux chattes : Charlotte et Emily. Elle est accompagnée de sa servante.
• Madame Arcane la medium à l’accent français très chantant et son assistante Sybelle.
• Jean Pourvois : un industriel français accompagné de « Fifi », certainement une femme de mauvaise vie.
• François Laverge : un jeune homme en quête d’amour…
Durant le déjeuner, j’ai entretenu mes compagnons des divers passages intéressants du journal du professeur Smith. Ce journal qui raconte les aventures de ma mère et d’autres personnes, dans l’Orient Express et à Constantinople. Il y est question des Enfants du Fez, des Frères de la Chair et du professeur Demir.
Nous sommes arrivés à Paris. Nous logeons tous à l’Athénée et devons nous retrouver pour dîner tout à l’heure. Il faut faire rapidement pour mener l’enquête.
Paris, 9 janvier 1923
Niles est venu me réveiller très tôt hier matin alors que je lui avais demandé d’inviter Pourvois au petit déjeuner. Il nous fallait un français pour pouvoir faire nos recherches à la bibliothèque nationale. Tout ne s’est pas passé comme je l’avais prévu.
Pourvois est bien venu prendre le petit déjeuner, mais il est venu avec « Fifi », Filoména. Une demi-mondaine qui s’accroche à lui et qu’il emmène partout. J’ai voulu commencer par un échange de bons procédés avec le français : je lui ai dit que la Ruhr allait certainement être envahie par les troupes françaises et britanniques. L’effet a été bien trop violent : Pourvois a quitté la table et n’est pas revenu. Filoména a cru bon de s’attaquer à moi. Tous les autres ont quitté la table. Tous sauf Enfield. Mais il n’a pas daigné m’aider à m’extirper de la toile de cette ensorceleuse. Niles, que je ne reconnais plus depuis que nous sommes arrivés en France, m’a tellement exaspéré que je l’ai envoyé s’occuper de mes vêtements dans la chambre. Au final, je n’ai pas eu d’autre choix que de suivre cette Fifi à travers Paris. Mais le mal était fait.
Quand nous sommes revenus à l’hôtel, Pourvois était à la table avec Enfield. Mais il a compris le manège de la française et est parti aussitôt avec elle. J’ai failli vider le bar de tout son whisky. Surtout quand Niles est réapparu, son sourire malsain aucunement dissimulé.
Après le dîner, j’ai décidé d’aller au casino. C’était sans compter sur Filoména. Je l’ai trouvée en pleurs devant ma porte et l’ai faite entrer pour la calmer, le temps d’envoyer Niles lui apporter des affaires pour la nuit et le lendemain. J’ai aussi fait appel à sœur Natalia pour s’occuper de la réconforter, avant de m’éclipser et éviter ainsi d’autres ennuis.
Me voilà maintenant au George V pour la nuit. Je retournerai demain à l’Athénée.
Le Mans, 10 janvier 1923
Le petit déjeuner a été calme malgré les regards insupportables de mes compagnons de voyage. Nous avons décidé de nous répartir les tâches. Je suis donc allé avec Herr Kruger, alias Ackenburg, chez un antiquaire du VIème arrondissement de Paris. Avant de partir, j’ai fermé le compte pour la chambre double et fait installer Niles dans une chambre plus petite.
Dans la boutique d’antiquités, nous avons été reçus par Henri Garnier. J’ai pu établir un contact pour ma collection égyptienne. Il n’avait rien sur Aulkalep mais m’a affirmé avoir déjà vu le même genre d’inscriptions particulières. Il reviendra vers moi s’il trouve une pièce intéressante.
Concernant Sedefkar, le Fez et Fenalik, il n’a pas de piste. En revanche, il nous a orientés vers le Musée de Cluny pour les Chroniques du Chevalier Ambroise de Malefaux et pour les Chroniques de Saint Géraud de Bâle.
Nous nous y sommes rendus juste après avoir quitté monsieur Garnier. Les ouvrages exposés sont sublimes. Un guide nous a renseignés sur les deux livres. Il y serait fait mention des Enfants du Fez et du chevalier Ambroise qui aurait détruit l’Ecorché. A la mention de Makryat, le guide a aussitôt réagi en fronçant les sourcils et en nous confirmant la réputation de l’escroc turc.
A la sortie du musée, je quitte Herr Kruger pour aller au Mans, tenter de retrouver mademoiselle Ponsot. Je le charge de mettre Niles au courant.
Une fois au Mans, je me suis rendu à l’adresse indiquée par l’avocat de Lord Hamstead. La jeune femme qui m’a ouvert m’a dit ne pas connaître mademoiselle Ponsot ; je lui ai tout de même laissé ma carte.
Je suis ensuite allé appeler l’avocat qui m’a confirmé l’adresse ainsi que la description de la femme. Celle-ci semble correspondre à la personne qui m’a ouvert. Il m’a alors donné les coordonnées du notaire de la jeune femme. J’ai pris rendez-vous pour demain matin à 10h30.
Il est maintenant l’heure de dîner. J’ai d’ailleurs fait une découverte culinaire : les rillettes. Une spécialité locale très grasse mais très gouteuse.