La Campagne des Féals : Scénario Quatrième

Chapitre IV : "Les Mangeurs de Chair"

Ainsi nos Mimétiques prirent enfin la route de Valpugis, où ils savaient qu'ils allaient sûrement être confrontés à formidable adversité, mais leur récente victoire sur le Néant par la libération du Pégase, même si ce fut au final pour laisser Croc-Falaise en proie à la guerre civile, les avait confortés dans leur détermination, dans leur Foi, dans la nécessité d'être et de d'agir ensemble, ce malgré leurs différences.
Le premier jour de voyage se déroula sans encombres au sein d'un paysage de douces collines dominé par des champs, et parsemés çà et là de quelques bosquets. Suivant l'antique voie grifféenne, ils ne rencontrèrent qu'un paysan, sa famille, et deux boeufs transportant la production de la villa toute proche à destination du marché de Croc-Falaise. Le Chevalier au Lion Blanc leur indiqua de rebrousser chemin, pour leur sécurité. Le groupe arriva dans le hameau de Nonia en toute fin de journée. Le péquin moyen, effrayé, à juste titre, par une telle équipée, alla se barricader dans sa demeure sans demander son reste. Seul le représentant locale de l'Ekklésia les reçut avec dignité, même s'il parut lui aussi mal à l'aise. On désigna une grange pour qu'ils puissent y passer la nuit, et on envoya quelqu'un quérir l'intendant de la villa locale (le maître étant absent car mandé auprès de l'Impératrice). Tout le monde décida de s'occuper à sa mesure, le Chimérien en allant boire une bière, seul, à la taverne, la Caladrienne s'adonnant à la confection de perles d'Onde, l'Aspice pratiquant des katas pour rééquilibrer ses énergies, le Draguéen s'isolant pour lire et fumer (ou faire de la fumée ?), le Pégasin continuant à tisser des gants en fil d'égrin, et le Chevalier à surveiller que l'ordre règne bien dans le lieu en attendant de rencontrer les autorités.
Alors que les villageois reprirent timidement leurs activités, l'apparition d'un étrange individu, sorti comme diable de sa boîte hors de la forêt, provoqua la panique. L'homme, une sorte de sauvage hirsute monté sur un varan gigantesque, se révéla être un Mimétique, un Druide Noir basilik. Le Pégasin fut envoyé en ambassade pour parler à l'inconnu, qui ne voulait que trouver un refuge pour la nuit. Il avoua se diriger vers Efroth afin de réaliser les dernières volontés d'un mort. Le chevalier lui accorda d'installer un campement au delà du village, en bordure de forêt, et on fit en sorte qu'il mange à sa faim, tout comme sa monture. Et on ne manquerait pas de le surveiller.
Le Chevalier rencontra l'Intendant (venu avec un soldat qui restera au hameau toute la nuit pour surveiller tout le monde ...) dans la taverne, et profita de l'occasion pour prendre son dîner avec le reste du groupe, à part le Draguéen qui resta dans la grange. Le Chevalier fit état de la situation à Croc-Falaise (pour expliquer sa décision de renvoyer le convoi à Nonia) et demanda à ce qu'un message soit envoyé à la Capitale pour que l'armée puisse intervenir au plus vite.
Tout ce petit monde passa une agréable nuit et reprit le chemin de Valpugis (où un autre message avait aussi été envoyé, étant la garnison la plus proche de Croc-Falaise), cette fois sous la dense frondaison de la forêt, et en compagnie du Druide Noir, qui accepta de les suivre bien que cela l'éloignait de sa destination (le Grifféen y tenait beaucoup ...). Ils ne rencontrèrent personne de la journée et purent établir un campement champêtre à la faveur du crépuscule avec l'aide précieuse du Basilik. La nuit, ils ne furent dérangés que par un ours qui cherchait à piller leurs provisions. La Caladrienne le fit aisément fuir grâce aux dons de son Féal.
Troisième jour de voyage à destination de Valpugis. Toujours aucune rencontre sur la voie grifféenne. La forêt laisse place à des collines plus élevées, d'autant plus que l'on se rapproche des contreforts de la chaîne de montagne qui sépare l'Empire et la Chimérie, un paysage rural typique de champs ou de près.
En fin d'après-midi, passé une dernière haute colline, le groupe arrive en vue de Valpugis, une petite ville fortifiée traversée par un fleuve. Quelle n'est pas leur surprise de voir que la route leur est barrée par deux manipules de l'armée grifféenne. Le Chevalier au Lion Blanc décide d'aller leur parler, seul, dans un premier temps. A son approche, le décurion l'invite sans attendre à déposer les armes et à se rendre. Lui et les Mimétiques qui l'accompagnent étaient attendus. Le chevalier a été déclaré traître à l'Empire et doit se livrer, ou périr. Lucius refuse, évidemment. Les manipules se mettent en branle pour lui faire face. C'est alors que le Chevalier fait appel au Griffon pour les impressionner, et les convaincre de ne pas s'opposer à lui. Alors qu'il se retrouve auréolé de lumière, avec l'ombre d'un Griffon planant au dessus de lui, les légionnaires grifféens choisissent de lui obéir, désormais assurés qu'ils ont été trompés par la famille Vesper.
Les soldats se mettent à couvert dans un bosquet, au-delà de la colline, jusqu'à nouvel ordre. La nuit tombe déjà et le Chevalier se rend, toujours seul, à la muraille est de la ville. Il y est très attendu (la garnison a été prévenue de leur arrivée et a été renforcée à ce poste), et se confronte au centurion Ricimer Vesperus, cousin du Seigneur du lieu, et maître stratège de la cité. Rien à faire, la discussion est courue d'avance, la famille Vesper veut leur mort, à tous, sous couvert de leur prétendue traîtrise ou hostilités envers l'Empire, et les troupes sont sous leur entier contrôle. La seule mention des pratiques coupables de la famille déclenche les hostilités. C'est sans appel. Faisant montre de leur impressionnante puissance de feu (balistes, onagres, arbalètes ...), le Chevalier est contraint de se replier.
Les Mimétiques décident par conséquent d'élaborer un plan pour éliminer le centurion, afin que Lucius puisse prendre sa place et ainsi utiliser l'armée pour assiéger la villa des Vesper, elle aussi une place fortifiée sise sur un plateau, un peu plus loin au nord-ouest de la ville. Des mouvements provenant du lieu et s'éloignant dans les contreforts proches sont d'ailleurs remarqués à la faveur de la clarté lunaire. On leur avoue que ce sont sûrement le Seigneur et ses invités qui se rendent au Gouffre pour y faire des sacrifices en l'honneur du Griffon ... Le Chevalier bouillonne  devant tant d'infamie !
L'Aspice va donc bénéficier des prières conjointes de ses pairs pour ne plus être qu'une ombre dans la nuit, sa lame étant également rendue plus sûre et mortelle pour terrasser sa cible d'un unique coup. Elle va donc ensuite se rendre jusqu'à la muraille, l'escalader sans mal, se faufiler sans être détectée, à aucun instant, jusqu'au bâtiment de garnison, puis, en passant par le balcon, jusque dans la chambre du Centurion, à qui la Caladrienne avait "inspiré" l'envie d'aller dormir par une prière à son Féal. Elle le frappe à la gorge avec rapidité et précision. Il succombe sur le coup. L'Aspice cache son corps dans une malle et revêt son uniforme afin de se faire passer pour lui. Elle se rend ensuite sur la muraille est et sonne le rappelle d'une grande partie de la milice pour leur ordonner d'ouvrir les portes de la ville et de se mettre sous le commandement du Chevalier Lucius Balga. La supercherie fonctionne et la milice de Valpugis se met au service du Chevalier au Lion Blanc. Presque aussitôt tous les Mimétiques, sauf l'Aspice et le Basilik qui se rendent au bâtiment de garnison pour que le Druide Noir fouille dans les souvenirs du Centurion décédé, se mettent en marche, accompagnés par quelques dizaines de soldats, vers la villa des Vesper. Le Basilik apprend que Ricimer Vesperus était bien au courant des pratiques discutables de la famille, voire même était complice de ses agissements. Régulièrement, les membres importants de la famille Vesper et leurs invités emmènent ainsi des jeunes enfants, des vieillards, des cadavres, des morceaux de chair humaine, jusqu'au gouffre pour les offrir à la Manticore, eux-mêmes organisant des dîners où ils pratiquent le cannibalisme en l'honneur de leur Féal déchu.
Le Basilik quitte le lieu et va au plus vite retrouver les autres mimétiques pour livrer ses informations, l'Aspice les rejoignant plus tard et le plus discrètement pour ne pas éveiller les soupçons quand à la mort du Centurion dont elle a abandonné le déguisement.
Le groupe, aidé par la milice, parvient à passer le glacis défensif de la villa fortifiée des Vesper, ce pour suivre la procession qui s'est dirigé vers le Gouffre. Une arrière-garde leur assure de ne pas être pris à revers par les troupes d'élite retranchée dans la villa, qui resteront fidèles à la famille jusqu'à la mort, à n'en pas douter. Le chemin est sinueux et escarpé et ne permet pas de se déplacer à plus de deux de front. Le groupe et quelques dizaines de soldats arrivent enfin au Gouffre. Là le patriarche Vesper et ses invités (des nobles grifféens) prient la Manticore au bord d'un trou béant et sans fond dont s'échappe une odeur pestilentielle. C'est alors qu'à leur demande la Manticore apparaît, non sans avoir annoncé sa venue par un cri terrifiant, prenant son envol sous la clarté lunaire ! Elle s'attaque au groupe après avoir dessiné une ellipse dans le ciel nocturne. Lucius et Pelor sont en première ligne, avec tout juste derrière Krel et Khel'Hari. Parthurnaax, lui choisira de ne pas participer au combat, étant au fait de la vérité sur la déchéance du Féal, et de l'implication discutable des grifféens dans cette affaire (ils sont censés les avoir tous éradiqués mais quelle en est la vrai raison ?). S'taria, elle, reste en arrière-garde. La première charge de la bête est encaissée par le Chevalier et le Coruscant, et ils parviennent, grâce à des prières adressées à leur Féal, à blesser la masse noire à la gueule sertie de centaines de dents, aux ailes de chauve-souris et à la queue de scorpion. La bête s'attaque ensuite à l'arrière-garde ; quatre soldats sont gravement blessés en recevant la charge du monstre. Puis elle s'attaque de nouveau à la première ligne. La Caladrienne casse sa charge en rendant ses ailes incapables de la porter, ce qui permet au Chevalier et au Coruscant de l'attaquer au sol. Mais le Pégasin est gravement blessé par la morsure de la bête, et le Chevalier ne parvient pas à lui porter de coup fatal. Tandis que la Caladrienne invoque son féal pour sauver son ami Pégasin, le Chimérien parvient à porter un coup d'estoc magistral dans la bouche du monstre, profitant de ce que Pelor est mis à genoux par la douleur. C'est l'Aspice qui portera le coup de grâce à la Manticore en profitant de l'ouverture donnée par le Chimérien pour placer un trait au fond de la gueule du monstre. Elle s'effondre, et son corps est jeté du haut du chemin escarpé, et roule sur plusieurs dizaines de mètres avant de n'être plus qu'une bouillie noire informe qui se dissipe en quelques instants.
Le groupe avance jusqu'au Gouffre. Les nobles leur font face, arme à la main. Alors que le Chevalier leur ordonne de se rendre, à la demande du patriarche Vesper, tous choisissent de se jeter dans le Gouffre.
De retour à la villa, Lucius ordonne que celle-ci soit encerclée et qu'on y mette le feu. L'odeur de chair calcinée, et les quelques cris des occupants pris au piège dans les flammes seront les seules choses qui viendront troubler l'aube.
Dans la matinée, Mjolnir, le Druide Noir, viendra demander conseil à S'taria. Le mort dont il doit exécuter les dernières volontés lui a laissé une lettre qu'il doit remettre à un Seigneur Chimérien à Efroth. L'Aspice demande alors à Parthurnaax de sonder la lettre sans l'ouvrir. Elle émane d'un Seigneur Chiverne du royaume jumeau de celui de Krel, et elle lui demande son aide contre une armée de Charognards qui assiège son château ...