La Campagne "Nanbanjins" : premièr séance

"Par le Fer & le Feu"

La nouvelle fait grand bruit sur le domaine septentrional de la province de Hizen, fief du clan Ryuzoji ; le Daimyo est mort, assassiné. Le général, lancé avec une maigre armée face à celles des vassaux du clan Shimazu, s'est vu contraint à une épouvantable retraite alors que ses renforts n'arrivèrent jamais. Le coupable, son propre fils, Muranabe Sadao, qui a opportunément pris la tête du clan à l'instant même où la mort du Daimyo fut avérée. En est-il l'instigateur ? Le général en est persuadé ...
Le général a ordonné à ceux qui lui sont restés fidèle de retourner chez eux et reprendre leurs occupations quotidiennes (jusqu'au jour où il aura besoin d'eux pour réclamer l'héritage des descendants légitimes du domaine), et il chevauche à bride abattue jusqu'à la paisible ferme du village d'Hirado où les deux filles du Daimyo défunt sont cachées afin de les préserver de la guerre et des manœuvres politiques qui vont bon train en cette période troublée. Le vieux général fourbu arrive enfin à destination et ordonne aux paysans de rester sur leurs gardes (il pense que des assassins vont être missionnés pour tuer les jumelles). Il fait réunir les deux soeurs et leur annonce la funeste nouvelle. Les deux jeune filles restent fortes et dignes. C'est alors que deux individus font leur entrée, un moine bouddhiste porteur d'une missive et Noritada, leur demi-frère "aventurier". Les deux ont fait route ensemble jusqu'au village. Le moine est porteur du testament du Daimyo, qu'il lui aurait remis peu de temps avant de mourir. Les jumelles lisent l'épitaphe de leur père qui remet le domaine à son ainée (promise au jeune seigneur Arima Harunobu, réfugié chez les jésuites depuis que le clan Shimazu l'a privé de son fief), et demande à ce qu'elle laisse une bonne place à sa soeur, et son demi-frère. Elles ne peuvent, selon le seigneur assassiné, faire confiance qu'à deux personnes : le général Tadayama, et son confesseur, le père Roderigo Zuniga (Ryuzoji Takanobu s'était en effet converti au christianisme).
Le général ne trouve que difficilement le sommeil durant cette nuit, et ses craintes s'avèrent fondées : six cavaliers débarquent au village au petit matin. Noritada s'enfuit dans la forêt avec son bas de laine, tandis que les deux soeurs rassemblent leurs affaires pour un départ précipité. Le "moine" lui se met à couvert sur le toit de la demeure tandis que le général se prépare à leur faire face, seul.
Les hommes se présentent comme des émissaires du daimyo, venus chercher les deux soeurs pour les ramener à la forteresse, Muranaka. Le général avoue qu'il les cherchait également, mais qu'elles se sont plus là. Il va poursuivre les recherches pour les ramener au seigneur, eux peuvent retourner d'où ils viennent. Mais la discussion dérape alors que le jeune sergent attaque le général sur le fait qu'il a des comptes à rendre au daimyo sur sa défaite et qu'il devrait être plutôt auprès de son seigneur pour s'expliquer et implorer sa clémence. Le général punit l'impudent du fer de sa lance, deux coups à la gorge qui le réduisent au silence. Les autres hommes, impressionnés, choisissent d'obtempérer et quittent le village au plus vite. Les deux soeurs, leur demi-frère, menés par le général opiniâtre ne tardent pas non plus à quitter le village pour aller demander le soutien de leur allié Arima Harunobu. Le "moine" lui les suit de près ...
Trois jours plus tard à travers la forêt et le long de la côte l'équipée arrivent à Nagasaki. Le port autonome est un repaire de marchands sans scrupules et de soudards, les jésuites y assumant un rôle politique de premier plan en dehors des considérations purement mercantiles. Ils rencontrent leur allié à la mission, entouré de ses samouraïs et de ses "conseillers" jésuites. Ils apprennent alors, au-delà du fait que le Seigneur leur apportera son soutien pour toute action visant à reprendre de domaine (il y a plus qu'intérêt puisqu'il en deviendrait le Seigneur par mariage et pourrait alors tenter de récupérer son propre fief) que leur seigneur aurait passé commande de deux cent-cinquante mousquets pour doter son armée. Le général, tout comme le confesseur du daimyo, ne sont pas au courant d'une telle commande. Il semblerait que ce soit une initiative de son fils, l'usurpateur, qui aurait donc prémédité son coup. Le père Zuniga leur fait pourtant part de son avis sur la question : pour lui Sadao n'avait aucune velléité contre son seigneur, mais a pu juste saisir l'occasion de son assassinat pour se hisser à ce rang, fort des nombreux soutiens qu'il avait dans l'armée et l'administration du domaine.
Noritada négocie alors habilement avec les vendeurs et parvient, contre un quart de la somme promise (la moitié est déjà payée) à court-circuiter la transaction en faveur du daimyo légitime. Il aura toute les informations nécessaires pour pouvoir organiser une attaque du convoi, tant que la transaction a bien lieu.
Pendant ce temps le "moine" les surveille toujours, et les deux soeurs, alors qu'elles sont sorties en compagnie d'un chaperon pour faire le tour des débits de boisson, ont la surprise de rencontrer le saint homme, vêtu comme un samouraï ... Il se propose de les aider si le besoin se fait sentir.
Une seconde entrevue a lieu au sortir de la messe avec Arima Harunobu, qui confie douze de ses meilleurs samouraïs au général. Deux partent immédiatement en éclaireur pour surveiller l'arrivée du convoi. Les deux soeurs se rendent au temple bouddhiste pour questionner le "moine". Il est en effet le dernier à avoir vu le daimyo vivant et s'est vu confié son testament. Pourquoi lui ? Et pourquoi semble-t-il les suivre. Le saint homme parvient à désamorcer toutes ses embarrassantes questions, mais son rôle reste flou.
Le lendemain le général part avec le reste des troupes pour mettre en place l'embuscade. Il installe son campement à une journée et demi de la ville, sur la route qui mène à Muranaka.
Le convoi, à vide, passe enfin leurs lignes. Les forces sont constituées de quatre samouraïs, dont le capitaine Tomiji Toritaka (une triste connaissance du général), et huit ashigarus. Il poursuit jusqu'à Nagasaki où un peu plus d'un jour plus tard encore Noritada et le moine sont avertis de son arrivée. Ils prennent livraison des armes et vont ensuite passer la soirée dans les lieux de débauche d'usage.
Le convoi repart de bon matin, et le "moine", qui va dans la même direction, se joint à eux pour bénéficier de leur protection. Les deux soeurs et le demi-frère leur laisse trois heures d'avance avant de se mettre en route à leur tour, allant à l'encontre des consignes laissées par le général.
L'embuscade est une formalité. Le lieu est en effet des mieux choisis et l'attaque bien préparée. Au passage du convoi les troncs s'abattent pour empêcher toute retraite. Les samouraïs se jouent rapidement de leurs adversaires, et finissent par les tenir en respect ("moine" compris !). Le général fait rendre gorge à Tomiji Toritaka par le fer de sa lance pour lui faire payer sa trahison envers lui et envers son seigneur légitime (le capitaine devait mener les renforts qui ne sont jamais arrivés sur le champ de bataille). Les armes sont à leur disposition. Le reste du groupe les rejoint quelques heures plus tard. Il est temps de lever une armée pour reprendre la forteresse.

Je trouve ce moine quand même très très fort ! Bon je concède le fait qu'il soit assez louche certes, mais rien d'étonnant quand on connait sa secte et ses agissements...

C'est étrange de rencontrer ce moine aussi souvent. Il est aussi étrange que le daimyo est confié à un bouddhiste son testament alors qu'il s'était converti. Il faisait confiance au général, donc il aurait pu lui laisser le document avant son départ. C'est louche.

Mais le daimyo était-il suspicieux quand à sa fin avant que le général ne parte ? Pouvait-il seulement encore faire confiance à quelqu'un dans son château au vu de la trahison de ses plus proches collaborateurs ?
Le choix d'un moine errant comme personne de confiance est-elle si dénuée de bon sens quand on connait la situation ?

Cela mérite réflexion !

Les événements sont survenus si vite que je commence à me poser des questions, nous aurons la réponse j'espère à notre arrivé au château et nous ferons en fonction.