Extrait du journal de Walter Portman
Milan, 15 janvier 1923
Je viens de passer le dimanche le plus horrible de toute ma vie, je pense. Me voilà un criminel. Je ne pensais pas que tout allait se dérouler sans problème, mais de là à me retrouver mêlé à des meurtres et à devoir fuir la Suisse...
La journée avait bien commencé. Nous prenions tous le petit déjeuner dans le salon de l’hôtel, mis à part Niles et Helmut, lorsque le Duc s’est invité à notre table, plein d’arrogance et d’hostilité. Il a aussitôt exigé que nous lui remettions le parchemin. Annabelle Wentworth lui a tout d’abord demandé de quitter la table sans faire d’esclandre mais le Duc n’a même pas daigné répondre. Il a continué à réclamer le parchemin tout en menaçant de nous tuer tous.
Les choses se sont précipitées quand Vladimir l’a attaqué. Le Duc a alors dégainé sa canne épée et a terrassé d’un coup le russe. Le docteur Enfield s’est aussitôt porté au secours de Vladimir et l’a sauvé d’une mort certaine. Mais le Duc a alors pointé son épée sur la gorge du docteur. J’ai tenté de supprimer la menace en lançant ma chaise sur l’agresseur, mais cela n’a fait qu’empirer les choses et la canne a alors traversé la gorge de l’aliéniste, le mettant lui aussi hors d’état immédiatement.
Un coup de feu a été tiré par la journaliste : il n’a laissé qu’un trou dans le pantalon du Duc et la balle semble n’avoir eu aucun effet sur sa jambe !
Devant la catastrophe, Miss Wentworth a rapidement avoué au Duc que le parchemin se trouvait dans nos chambres et l’a emmené aussitôt à l’étage. J’ai suivi, sous la menace de la canne-épée du Duc. Arrivés aux escaliers, nous avons vu Herr Kruger dévaler les marches, fusil à la main. Dès qu’il a vu la situation il a épaulé et tiré en plein dans la tête du Duc qui a explosé sous l’impact.
Libérés du forcené, nous avons tous rejoint le salon déserté par le personnel et les clients. Miss Wentworth a contacté la police et les secours. Pendant ce temps Helmut a fait ses bagages et s’est enfui avec le parchemin. Annabelle a pu voir le corps du Duc : il était fait d’un assemblage de différents corps humains : c’était lui le fameux Puzzle de la Lausanne onirique.
Rapidement, Vladimir et Edward ont été emmenés à l’hôpital. Un don à la Croix Rouge me vaudra une plaque. Encore que je doute fortement de pouvoir jamais aller la voir.
Quant aux policiers, ils nous ont interrogés à trois reprises. La première fois, je leur ai expliqué l’essentiel de la négociation entre Wellington, le Duc et nous. J’ai évidemment omis quelques détails, notamment la mort des frères Wellington. La police nous a laissés tranquilles un moment mais les enquêteurs sont revenus à la charge dans l’après-midi. Nos affaires se sont compliquées car les policiers avaient trouvé les corps des Wellington. Il a fallu leur réexpliquer comment nous avions eu le parchemin et le leur montrer. Comme je n’avais aucune idée de qui pouvait bien l’avoir à ce moment, j’ai dit qu’il devait certainement être dans les affaires du docteur Enfield. Nous sommes donc allés fouiller la chambre mais le parchemin n’y était pas. Les enquêteurs nous ont alors confirmé que personne ne l’avait (ils avaient fouillé nos affaires) et que c’était forcément Herr Kruger qui l’avait emporté. La police nous a ensuite quittés.
Le soir, ils sont revenus nous chercher pour nous questionner au poste de police. Les interrogatoires ont été menés individuellement. Si bien que je ne sais pas ce qu’ont pu raconter les autres. Je me suis tenu à la version que j’avais donnée jusque là puisqu’il s’agissait de la vérité, ou presque. En revanche, j’ai été assez choqué d’apprendre que Helmut Kruger et Annabelle Wentworth avaient voyagé sous de fausses identités parce qu’ils étaient recherchés en France et en Italie. Quant à Vladimir, ce serait en fait un trafiquant d’armes.
A l’issue des interrogatoires, nous avons été reconduits à l’hôtel et maintenus sous bonne garde. J’ai envoyé un télégramme à Beddows pour l’informer de nos déboires, au cas où il pourrait faire quelque chose.
Puis, quand nous avons tous été convaincus que nous n’avions d’autre choix que de nous enfuir, tout le monde s’est retrouvé dans ma chambre pour préparer une évasion. Le plan était d’assommer les gardes à la porte, de sortir et de rejoindre la frontière italienne d’une manière ou d’une autre. Rien ne s’est passé comme prévu. Sœur Natalia est morte et Annabelle Wentworth a presque perdu sa main. Nous avons tout de même réussi à rallier Milan.
Helmut nous a rejoints ce matin. Lui aussi a réussi à arriver en Italie. Je ne sais pas exactement ce qu’il a fait pour être recherché en France et en Italie, mais je compte bien avoir une petite discussion avec lui ainsi qu’avec Annabelle.
Quand Helmut est arrivé, il a emmené les cousines Wentworth et tous les trois ont quitté l’hôtel sans laisser de message. Me voilà donc à nouveau seul. Je crois que je vais aller visiter la ville.
J’allais passer à table quand les Wentworth et Herr Kruger sont revenus accompagnés par un riche texan, un ami de Miss Wentworth. Le monde est petit tout de même.
Il semble qu’ils aient rencontré Conti, un autre ami de Miss Wentworth ; celui-ci serait un traître d’une secte affiliée aux frères de la chair. Il les a envoyés dans le manoir du maître de la secte, un dénommé Facia. De là ils ont rejoint un entrepôt dans lequel se trouvait la cantatrice, ligotée. Facia avait réussi à voler la voix de l’artiste. De l’expédition, mes compagnons sont revenus avec des parchemins rédigés en arabe. Quant à Helmut, il se promène à présent avec un caméléon !
Ils ont aussi appris que des maladies se sont étrangement répandues à la Scala : des douleurs dans le dos, des toux,… Ils en ont déduit que le torse du Simulacre doit se trouver dans l’opéra.
Après le repas, nous irons tous assister à la représentation d’Aïda.
La peste soit des américains ! Nous avons effectivement trouvé le buste de Sedefkar. Il servait de décor sur scène. Le texan a acheté le morceau d’artefact pour 300$. Mais à présent il veut l’échanger contre les parchemins en arabe, si nous refusons, il expédiera le buste dans un de ses ranchs au Texas. A-t-il bien compris le but de notre expédition ? Fait-il partie des frères de la chair pour nous mettre ainsi des bâtons dans les roues ?
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Sujet: AdC - Campagne : "Terreur sur l'Orient Express" (6) 
Lun 1 Déc - 1:07
